Grand rendez-vous des amis de Th.Sabine
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  ..........DAKAR 83 DE LA CONCORDE A DAKAR..................

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francoise-ex-elby




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Date d'inscription : 17/02/2014

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MessageSujet: ..........DAKAR 83 DE LA CONCORDE A DAKAR..................    ..........DAKAR 83 DE LA CONCORDE A DAKAR.................. Icon_minitimeMer 19 Fév - 20:12

LE GRAND DEPART



Au petit matin, le départ place de la concorde, dans le froid de Janvier, était un tourbillon que je ne contrôlais pas bien. C’était ma première compétition en voiture et en tout terrain, je commençais par la course la plus dure et la plus longue. J’avais trois malheureux stickers sur ma voiture. Elle avait heureusement deux côtés, cela en faisait donc six ! Sur les blousons rien, je n’avais pas encore tout compris. Les autres équipages féminins m’impressionnaient avec leurs assistances, les protos et la pub sur les combinaisons blanches. Il y avait un petit air de mépris pour ces deux cavalières arrivants la fleur au fusil.(Nous resterons les seules en course et à Dakar.)



La descente Paris Sète tenait de la folie en 1983. La foule dans le délire total, débutait à la concorde, continuait sur tout le parcours et se terminait à Dakar. Nous faisions déjà la course entre nous dans cette caravane d’allumés. Nous, n’avions plus de fatigue, plus sommeil. Pourtant, tout le monde sait que la préparation d’une course veut dire : de nombreuses nuits sans dormir, plus les nerfs mélangés au trac. Cette formidable excitation vous tient au ventre et vous fait accomplir trois fois plus de choses, que vous pensiez pouvoir en faire.

Les Français sont les hommes de la dernière minute, donc toute cette population réalise l’essentiel de la préparation les derniers jours. L’accueil était chaleureux dans chaque ville, chaque village, les femmes avaient préparés le café, des gâteaux et des cadeaux. C’était l’hystérie, nous grillons les feux les stops, doublions sur les lignes jaunes. Les camions roulaient à deux de front dans les villages, pleins phares, klaxons bloqués…Les spectateurs le demandaient, ils étaient fous de joie de voir les protos et les motards surtout, avec le beau bruit infernal qui nous accompagnait.

L’année suivante, quelqu’un porta plainte et les populations furent privées de leur spectacle préféré.



LE TIPAZA PORTE-BONHEUR,



Nous arrivons à Sète. L’embarquement dure vingt quatre heures et ce sont des concurrents hagards qui se retrouvent enfin en mer. Les motards, déjà eux, ceux qui ont économisé toute l’année, en « arrivants juste » au, n’ayant pas eu suffisamment d’argent pour une couchette sur le Tipaza, dorment sur un siège où par terre dans leur combinaison de course. C’est déjà commencé pour eux. Ce fameux Tipaza, dont Thierry ne voulait pas se séparer pour la traversée, parce qu’il était le bateau à avoir traversé son premier Rallye Paris-Dakar sur le continent Africain. Il ne naviguait plus et était ressorti du garage pour la course. A chaque traversée, il était de plus en plus vieux, sal, pourri, il tenait grâce à la rouille et je ne pouvais m’empêcher de penser, qu’un jour, il coulerait avec nous et son précieux chargement.

Mon premier breefing ! Tous ceux qui avaient réussis à monter en premier, à trouver à ranger leurs quelques affaires, car tout, était dans les cales dans les voitures. Nous étions debout, assis parterre et devant nous l’organisateur, le Chef. L’excitation, le bonheur, l’écoute, la géniale fatigue, les regards illuminés, c’est sur, nous sommes enfin à bord et nous nous éloignons du quai ! Avec Josiane nous n’avons jamais cessé de rire, d’être dans une humeur de fête qui nous portait totalement au travers des fatigues. Thierry nous parlait de l’accueil des habitants sur le parcours, de ce qui était sacré sur ce continent : la politesse, la propreté sur leur terrain, le respect. Les fauves étaient dehors. Nous avions une cabine dans laquelle il y avait quatre couchettes, protégées chacune par un petit rideaux à coulisse. Il était urgent que je tente de dormir. Je m’installais en entrant, dans la première cabine du bas à gauche. J’étais seule et le rideau m’isolait d’éventuels nouveaux venus. J’étais allongée sur le dos raide comme un macchabée et je commençais à m’endormir, quand soudain la porte s’ouvrit et un couple entra discrètement. Ils s’allongèrent sur la couchette voisine, c’est à dire à un petit mètre de moi et commencèrent à faire l’amour. Ils faisaient un peu de bruit se croyants seuls, et moi, je tentais de n’en point faire en respirant, toujours raide les bras le long du corps et les pieds joint, en n’osant aucun mouvement, les vieux sommiers craquants beaucoup. Au bout d’un certain temps, ils eurent fini et se mirent à parler : l’homme « Tu n’étais pas obligée de t’engager en course rien que pour se retrouver, nous pouvions nous voir à Dakar » La motarde « Je ne pouvais pas attendre et mon mari n’aurait pas compris pourquoi je ne courrais pas ».Je ne bougeais toujours pas, c’était un peu long. Ils partirent enfin, Josiane ne vint pas dormir ici ! C’était terminé pour moi pour le sommeil, je sortis sur le pont, cela commençait bien.



XV ALGER- TOUGHOURT 734 km de liaison



Dans le BJ40, il y avait deux roues de secours et le nécessaire pour réparer une crevaison, comme chez nous ! un chiffon pour les niveaux, des vêtements chauds pour le froid, des vêtements frais pour le chaud. Ensuite un jerrican en aluminium rempli d’eau et un autre (absolument interdit) de Gaz oil, de la poutargue et un gros jambon fumé. Nous étions bien mieux équipées pour la faim, que pour les pannes. A Blida, j’achetais une énorme grappe de dattes, enroulées dans du papier kraft. Sur cette course de trois semaines, pour 14ooo Km, les premiers huit jours sont difficiles pour le mental et le physique. Il fait très froid et humide la nuit nous dormons mal et nous ne récupérons pas, il nous faut quelques jours pour nous adapter à ce rythme de conduite depuis le matin au soir. Au bivouac, il faut chercher une place pour la voiture et réparer les premiers dégats. Dans notre cas, le petit toy était tellement solide, que nous nous occupions de faire juste les niveaux. (c’était simple, car nous ne savions pas faire grand chose en mécanique, même rien, l’assistance non plu, puisque nous n’en avions pas !). Ensuite, lorsque tout est fait…il faut manger. Si mes souvenirs sont d’accords avec moi, nous n’avions qu’une gamelle où tout devait tenir dedans : salé sucré, car impossible de revenir pour un second service au milieu d’une population de coureurs affamés. Il m’est arrivé de ne pas prendre de repas, l’attente étends trop longue et d’aller dormir.

Lorsque la passion, le bonheur immense de partir, tout droit, sans revenir le soir, n’avoir ce désert unique à soi, manger bon où dégoûtant, cela n’as pas d’importance : on entre dans la magie de l’Afrique.



TOUGHOURT- OUARGLA 362 Km de spéciale + une liaison

OUARGLA- EL GOLEA 380 km de Spéciale

Chebaba où Fort Méribel, c’est là que nous attaquons enfin les choses très sérieuses.



« Fort Méribel, était un fort militaire Français un peu cassé. De petites dimensions, il était bien planté dans la caillasse. A 200 mètres en contre bas, un beau puit soigné et respecté, était entretenu par les nomades qui en faisaient leur halte. »



CHEBABA- BORDG OMAR DRISS 501km, 429km de spéciale



BORDG OMAR DRISS-ILLIZI LIAISON 72 km de liaison 420 km de spéciale



Arrivées à Illizi, je tins ma promesse, j’avais pris dans la penderie de mon mari une très belle veste anglaise, cakie clair, petits chevrons barrés de fines rayures brun roux. Je me dirigeais vers le village contre lequel le bivouac était installé et remettais le paquet au maire. Thierry Sabine qui était partout et voyait tout, vint me trouver « que faisait-tu avec le maire me lança-il dans son rythme de chef » Je lui expliquais. Puis il enchaîna « ça va, rien de cassé ». « Si, un ongle », cela ne là pas fait rire et il tourna les talons. Le connaissant, je savais qu’il était capable de bien rire, sans que cela ne se voit.

Au début de l’épreuve, nous étions dans la deuxième moitié du classement et maintenant nous remontions tous les jours. C’est ainsi que nous roulions un certain temps avec les mêmes voitures, le soir au bivouac, nous nous mettions à quatre où cinq voitures, comme les cow-boy contre les indiens, pour nous protéger des voleurs et surtout des fous hallucinés, fatigués qui arrivaient toute la nuit dans le camp à la même vitesse que dans la piste, en roulant sur les tentes, les gens en train de dormir, où le matériel. Tous les soirs c’était l’angoisse, si nous ne pouvions nous protéger. Le meilleur choix, était d’être à coté de la cantine, où nous étions prêtes à entendre de notre sac de couchage à l’intérieur de notre tente, la douce voix de Thierry qui hurlait dans son porte voie. La deuxième semaine le rythme est pris. Les pilotes s’organisent et se battent plus sérieusement. Certains pilotes de protos ont du mal à nous voir devants eux le matin au départ. Ils nous rattrapent, nous doublent et nous les voyont peu de temps après arrêtés a droite à gauche en train de faire ce que la nature les obligent à faire, par l’excitation.

Tous les pilotes étaient très gentils avec nous, au bivouac nous avions des grands frères partout, mais dans la piste c’était la guerre.



XVI ILLIZI-DJANET 401 km de spéciale



L’échappement était crevé, il était sous mon siège et je le respirais allègrement. En arrivant, je au j’allais village chercher un garage avec la voiture. Ce sera ainsi toute la course. J’aperçus enfin une battisse bien pauvre, c’est le garage ! « Bonjour Monsieur, pouvez-vous réparer.. .s’il vous plait » sans dire mot, il se dirigea vers un tas de détritus qui lui servait de magasin de pièces détachées, donna un coup de pied dedans, une boite de conserve jaillit (petits pois carottes) il la fixa, je n’ai rien vu, cette réparation passera la ligne d’arrivée à Dakar en tenant mieux qu’un échappement d’origine. Nous ne mangions plus les dattes, elles nous collaient aux doigts et nous n’avions pas l’eau courante. Je rejoignais le PC qui était à l’arrière d’un vieux camion. Une table tenait toute la place, des sièges en faisaient le tour. Thierry trônait au milieu, Deleforterie à sa gauche et ensuite, moi. Il faisait nuit, soudain des discussions énervées se rapprochèrent, Darniche et Balavoine apparurent. C’était déjà l’abandon pour eux et ils étaient en pleine réclamation, Thierry ne bougeait et ne disait rien il était impressionnant devant ces deux gars empoussiérés et hagards étant en contre bas, ce fut comique et cela fini par une rigolade. C’était la première fois que je rencontrais Daniel.

La deuxième semaine le rythme était pris, beaucoup de voitures étaient cassées, d’autres faisaient demi tour en se rendant compte qu’ils n’avaient rien à faire là, où bien ils s’étaient fait peur. Les pilotes sont plus organisés, ils se battent sérieusement cela n’empêchait pas les tonneaux.





DJANET-CHIRFA 532 km de spéciale



Chirfa, tout petit village caché, loin de tout, perdu au milieu de nulle part où nous sommes toujours biens accueillis. Il y a un puit où l’eau était au raz du sol et entretenu par les femmes.. Nous nous y sommes rendues pour prendre un peu d’eau, des hommes du rallye se lavaient en faisant couler leur crasse et l’eau savonneuse dans la source.

Les gardiennes de l’eau regardaient figées et silencieuses le spectacle. La cavalière n’était pas morte, ma colère est arrivée très vite et les types surpris déguerpirent.

Nous avions un bon rythme, nous restions les seules femmes en course. tout le monde nous accepta enfin, nous aidait, viennaient vers nous spontanément le soir, pour voir si nous avions besoin de quelque chose et de plus c’est le coin où on rigolait le plus. Nous avions des grands frères partout. Thierry, me surprenais toujours dans tous les domaines, il était sur tous les fronts et aussi ceux-la : Mireille D était présente pour plusieurs étapes, ensuite Esther Kamatari princesse du Bourundi déchue et Diane la légitime et peut-être d’autres. Une chose certaine était qu’il était très fort, car aucune ne se rencontrait et croyait être unique.



CHIRFA-DIRKOU 239 km de spéciale



Les étapes de Chirfa Dirkou, nous obligent à réaliser l’ailleurs. Il faisait cinquante degrés dans la cabine, la température du moteur était trop élevée, le thermostat ne fonctionnait plus, nous roulions avec le chauffage à fond pour l’aider. Avec en prime, le harnais, le cheiche sous le casque, car le sable était partout chez lui. Je sentais ma sueur couler dans mon dos comme une douche chaude. En arrivant au bivouac de Dirkou, nous rejoignions des Bordelais pour nous garer, près de leur hilux. Nous sommes sales, fatiguées, affamées. Ils dégustaient du bordeaux, avec d’autres pilotes. C’était du défi d’emporter des bouteilles dans une telle course, lorsque l’on savait que la voiture faisait des bonds de cabri sur la piste avec la chaleur en plus. Un des pilotes nous proposait un verre, je n’étais pas d’accord de boire dans ce moment de grande fatigue. Il insistait, me tendis une bouteille qu’il venait d’ouvrir et deux godets. Erreur ! Je servais Josiane, j’ai bu avec méfiance et plaisir, ce nectar chaud était très bon…puis en quelques instants, les pauvres gars n’ont pas eu le temps de réagir. Nous avons sifflé le contenu avec une frénésie boulimique. Merci les Bordelais. Les dattes ont quitté leur enveloppe Kraft et commencent à se promener dans l’habitacle malgré notre vigilance.



DIRKOU-AGADES 617 km de spéciale BREEFING ce texte est fidèle



Au petit matin dans son porte-voix Thierry Sabine nous indiquaient les dangers de la piste, puis il nous raconta une histoire. « Lorsque vous arriverez à « l’Arbre du Ténéré », à la droite de l’arbre vous verrez un petit rectangle carré fait de pierres pointues : c’est une tombe. C’est la tombe d’un homme qui voulu rester 28 jours à faire pousser un arbre à cet endroit. Cet homme est venu seul avec son véhicule, il était assez agé. Il a commencé à construire une petite maison pour s’abriter et puis un jour ses six fils se sont inquiétés de son absence prolongée. Ils sont partis à sa recherche, ses six fils en arrivant en camion à son camp, l’on trouvé décédé. Ils l’on ainsi enterré au lieu dit « l’Arbre du Ténéré ». Les six fils sont repartis dans leur camion, qui est tombé en panne 30 km plus loin, ils ont fait demi tour un par un pour retrouver le camp. Ils sont tous morts. Le dernier est mort à un mètre de l’arbre, vous verrez donc la tombe du père qui a eu une histoire curieuse, c’est qu’il aimait le désert et qu’il y est resté.

Donc, vous y ferez très attention, le Ténéré n’est pas une plaisanterie. C’est une histoire comme il y en a beaucoup d’autres dans ce désert »



Sabine aimait nous faire peur, nous angoisser. Dans la piste épuisés, au bout de nos forces nous le maudissions et le lendemain matin, dès qu’il parlait, nous l’écoutions avec des yeux ronds d’enfants en pensant : Nous te suivrons partout.



XVII L’AZALAÏ



Les papiers tournoyaient bizarrement au-dessus du sol, le vent se levait. Je demandais à un enfant du village ce qu’il en pensait, « le vent de sable commence » me dit-il en me montrant les papiers et l’horizon qui disparaissait ». Nous entrions à ce moment dans la plus grande tempête de sable de tous les Dakar. Thierry fit partir d’abord les camions. Nous n’étions pas dans les voitures de tête et lorsque notre numéro de départ arriva, il était largement treize heure ce qui était très tard. Nous faisions le rallye de nuit, nous verrons le jour seulement en Mauritanie, en avançant dans les classements. Sur un front de cinq cent mètres d’énormes sillons, faits par les camions, les motards et beaucoup de voitures devant nous, nous projètent de droite et de gauche en nous ralentissent. La conduite était pénible et lente. La tempête avait envahi notre horizon, nous voyions juste l’avant du capot. Quelque fois le vent était si fort, qu’il soulèvait des masses de sable et nous entrevoyons ! rien. Nous avançions au compas de relèvement, Josiane le tenait dans sa main droite et m’annonçait le bon degré à suivre en pointant la main bien droite. Je me fâchais lorsqu’elle mollissait. Le Ténéré metait les boussoles à l’heure. Le petit Toy remontait difficilement dans ses tours avec ces terribles ornières, je devais garder les roues bien droites pour ne pas m’ensabler. Il était cinq heures, le moment où tout bascule en Afrique, en quelques instant, la nuit recouvre tout et c’est un autre monde. Je sais j’en parle tout le temps de cette heure, mais elle m’as marquée, ainsi que tous ceux qui aiment l’Afrique. Nous étions dans un mirage, nous croisions des ombres d’un autre temps qui se déplaçaient lentement au rythme de leurs chameaux. C’était l’Azalaï, la caravane de marchands qui n’en finissait pas et qui transportait le sel, il y avait deux mouvements, un quittait l’Aïr allait vers Fachi et Djado et l’autre revenait dans l’Aïr se reposer, puis dans le sud vont à Damergou et reviennent avec des céréales. Ils ne nous regardaient pas. C’est nous qui n’existions pas, ils suivaient leur route séculaire et leurs formes se diluaient tout doucement. Deux mondes s’étaient croisés.



L ARBRE DU TENERE





Nous arrivions à l’arbre du Ténéré. A coté de cet arbre accidenté et remplacé par du métal fait d’échappements, de tuyaux et de boites de conserves, il y avait un puit profond de quarante mètres dont l’eau n’était pas potable. Un camion chargé d’essence ravitaillait uniquement les motos. Thierry Sabine était là pour surveiller les tricheurs, il était partout, il parlait aux motards, on apercevais à peine son hélico dans la tempête. J’allais le voir, il avait les lèvres crevassées, sans un mot, je lui donnait mon tube de pommade.



Le road-book indiquais à gauche après l’arbre, les balises Berliet et mon compas obliquaient vers la droite cap 180 direction Agadez. Rien n‘allait plu. « Nous allons prendre au milieu, pour faire plaisir à tout le monde : au road-book et à moi-même ». Je n’étais pas la seule à avoir fais ce choix. Nous entrions dans une série de petites dunes. Il faisait nuit, le vent forcissait, nous l’avions par l’arrière droit, N-O. Soudain, un à pic géant je pilais et m’ensablais. En bas, il y avait du monde, quatre voitures, des Japs sur le toit et les autres biens plantés dans le mou. Le sable était déposé par paquets et arrivait à la moitié de nos roues : la voiture était posée sur le châssis. Nous n’avions pas de plaques de désensablage, les pelles ne servaient à rien, c’était avec les mains et les bras que nous essayions de dégager les essieux. Lorsque nous sortions une roue en deux minutes le sable était revenu, le vent en transportait tellement qu’il allait plus vite que nous. Je supposais que dans la nuit, la voiture serais recouverte » Josiane me lança :« Oui changeons de stratégie ». Nous descendions les dix mètres de pente dans le trou pour aider les autres, en espérant qu’ils nous aideraient à leur tour. Nous avons péniblement Poussé la première voiture, c’est bon enfin, elle s’arrachait du sable et elle parti…

La seconde, nous poussions encore c’était pénible, les gars fichaient le camp aussi : chacun pour soi malgré la promesse. A part les Japonais qui ne sont plus dans leur voiture, il restait le Mercedes de l’assistance Allemande BMW d’Hubert Auriol. Nous avions aidé les Français, après ceux là il n’y aura plus personne dans ce trou. Nous leur demandions encore de nous aider, avant de pousser leur voiture, comme aux autres. « Pas de problèmes » disaient-ils !

Ce fut vrai. Ils réussirent à poser leur 4x4 sur un sable plus dur et ils grimpèrent avec nous. Après avoir mis notre tente igloo sous les roues, après de nouveaux efforts, le petit Toy était lui aussi sur le dur. « Nous ne savons plus où est la piste » dirent nos amis allemands « Un vent violent à un moment a soulevé le sable sur notre droite un quart de seconde et j’ai aperçu une balise » Tout était rangé dans ma mémoire. Nous sommes allées au pied de cette bâlise plein Sud, pendant que les gars nous suivaient du regard. Puis ils disparurent. Nous les avons attendus pleins phares en klaxonnant. Le temps a paru très long, ils n’arrivaient pas à sortir de ce piège. Je ne sais plus pendant combien de temps nous avons été inquiètes pour ces gars qui avaient respectés leur parole. Puis ils arrivèrent. Nous avons fait quelques kilomètres ensemble, où plutôt ils nous attendaient, car ils conduisaient une essence très rapide. Nous leur avons fait signe de nous laisser, car ils avaient une mission.



Peut-être deux où trois heures après, un motard nous demandait de l’aide. C’était PHILIPPE VASSARD, il n’avait plus de lumière. Nous l’avons guidé sur une centaine de kilomètres. Nous avions quitté le désert de sable et ses grandes dunes molles, nous étions à nouveaux dans la caillasse, sur une piste étroite, il roulait à la hauteur de la roue avant gauche pour profiter des phares. La voiture et la moto faisaient des bons l’un contre l’autre. Je conduisais l’œil gauche sur le motard que je voyais mal et l’œil droit sur la piste cassante. Fifi nous avait averti ne plus avoir beaucoup d’essence. Je ne le vis plus, nous ne pouvions plus rien pour lui. Le charger dans le 4x4 c’était la mise hors course, nous pouvions nous arranger, mais nous n’avions pas de place. Beaucoup plus tard, je regrettais de ne mettre point arrêtée, il a dû voir les phares rouges s’éloigner, disparaître et se retrouver seul dans le noir et le silence. Nous étions différentes dans ces moments de grande tension et d’incertitude pour la bonne piste. Nous réfléchissions certainement autrement. J’ai regretté.



XVII AGADEZ



De petits arbustes apparaissaient, puis devinrent touffus et plus grands. Les trous et les crevasses apparurent : nous sommes toujours en course ce n’est pas une ballade, nous sommes sans cesse au maximum de la voiture et de notre plaisir d’êtres « pied dedans » malgré la fatigue que nous ne sentions pas vraiment encore. Nous décidions de nous débarrasser des dattes. Quand au jambon, il fut très rapidement inconsommable, car nappé de sable. Les pilotes qui roulaient derrière nous racontaient êtres effrayés pour nous, de voir nos affaires, sacs, cric, les roues etc… faire des bons derrière nos sièges. Nous avions renoncé à faire le ménage et le rangement chaque soir ! Les arbustes deviennent plus grands, la piste est toujours avec les crevasses et les trous habituels. Toujours dans la nuit et la tempête, hallucinées nous voyons au travers des arbres, assez loin de nous, des lumières partout qui tournent dans tous les sens comme dans une fête foraine. Mais non, nous sommes toujours en Afrique et nous nous retrouvons soudain au milieu de ce ballet fantastique. Des concurrents partent et arrivent de tous les cotés. Nous sommes peut-être à cent kilomètres d’Agadez, il y a des pistes partout et nous n’avons pratiquement plus de carburent. Avec la fatigue et l’anxiété, les raisonnements ne sont pas très clairs. Tout le monde suit tout le monde, des petits groupes sortent de leurs voitures et avec des cartes essaient de trouver la sortie de ce cloaque, il y a ceux qui disent savoir et ceux qui suivent. Deux concurrents nous abordent agressifs. Ils exigent que je leur donne du gas-oil, je refuse c’est impossible l’étape est de 617 km dont les trois quart dans le sable très mou ainsi nous avons dû consommer le double. Nous ne savons pas se qu’il se passera encore après nous ne voulons pas rester dans la piste. « Vous allez nous donner votre carburant sinon ont le prend de force » dit-il en hurlant menaçant. Je démarre violemment en les semant dans la pagaille. J’aperçois le camion d’Africatours au travers de la poussière et des buissons, comme un énorme éléphant se déplaçant lentement dans le noir. Ces chauffeurs là, c’était des renards du désert, ils avaient la réputation d’arriver toujours à l’étape. Nous les avons suivis « merci la chance » ! Je les doublais plus loin en étant sure de notre bonne direction. Nous nous retrouvions une fois de plus seules dans la piste et c’était bien , la règle, était de ne jamais suivre les autres. Nous avions un road –book et un compas de navigation, les deux copains les plus précieux.



A vingt et une heure nous arrivions au contrôle d’arrivée, il y avait une petite table et deux types empoussiérés qui tamponnaient la feuille, ils étaient là seuls, ils ne savaient rien et n’avaient rien vu. Ce n’était pas rassurant. Où était le rallye ? notre seul repaire était que nous avions passé le controle. Il fallait faire confiance. Sur le book il était écris, direction « terrain de camping », nous cherchons parmi les maisons fermées, plus personne dans les rues. Nous voyons quelques voitures dans le même état de doute que nous. Il y avait un bureau où bavardaient deux Touaregs, ils nous vendirent une minuscule boite de pâté, ils n’avaient rien d’autre, elle devait avoir subi de nombreux changements de température. Nous la dégustions toutes deux avec un vieux morceau de pain sec C’était très bon. Dans une petite stalle, je pris ma seconde douche depuis le départ de chez moi, elle était merveilleusement glacée… « Il s’agissait d’un seau d’eau coincé je ne sait comment au dessus de ma tête et actionné par moi-même ». puis, dormir !



Le lendemain, une partie du rallye était arrivée. La moitié de la course s’était perdue et beaucoup tournaient encore. Thierry avait invité Pierre Deleforterie à suivre l’épreuve et de temps en temps il le prenais dans l’hélico. Cette étape là , Pierre avait rejoint Agadez par la route. Quand il nous aperçut, il nous cria « C’est à cette heure ci qu’on arrive » et nous (biens propre, coiffées de chèches blanc) Je lui répondais très fières « Nous sommes arrivées tôt dans la soirée » !



Dans la tempête l’hélico de Sabine avait une chute de quinze mètres et avait été immobilisé avec des éléments cassés. Le pilote était André Héraut, il avait mené la reconnaissance en Octobre, Thierry se séparera de lui.
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